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Couleur des vitraux

Une simple promenade dans une cathédrale pourraient s’apparenter à un voyage initiatique, un pèlerinage alchimique. Chaque direction et ses représentations analogues joueront leur rôle dans ce processus du Grand Oeuvre :

 

  • au Nord, les scènes de l’ancien testament seront représentées,

  • à l’Est, les scènes de la vie du christ où apparaît la lumière du jour,

  • au Sud, ce qui advient après la vie du Christ, les disciples, les apôtres…,

  • et à l’Ouest, généralement les scènes de l’apocalypse ou du dévoilement.


En une visite, ce voyage intérieur, nous permet de parcourir l’intégralité de la révélation.

 

Concernant les couleurs, il y a pléthore de traités sur la question et malgré tout, elles n'ont pas fini de nous révéler leurs secrets. Nous ne sommes bien sûr pas à l'abri de contradictions au sein d’une même culture et d’un pays à l’autre, les divergences d'interprétation sont parfois radicales. 

Une fois n'est pas coutume mais s’ouvrir à ses propres ressentis en observant ce que la couleur a à nous raconter me paraît être une des meilleures portes d'entrée pour les apprivoiser.

 

Dans l’ancien testament, on peut lire que le verre était aussi précieux que l’or.

En hébreu le mot qui désigne le verre se prononce zkhourhit et a pour étymologie le mot Hébreu voulant dire pur.

 

Pour rentrer donc plus précisément dans notre propos, l’alchimie distingue en général trois grandes étapes pour la réalisation du Grand Oeuvre (l’oeuvre au noir, l’oeuvre au blanc et l’oeuvre au rouge). Nous verrons qu’il en va de même pour le vitrail et probablement pour nos chemins de vie.


Le but ultime de l’Alchimie n'étant pas la transformation du plomb en or, mais la transmutation profonde de l’homme.

Jung nous rappelle que le Grand Œuvre préfigure le chemin de développement de l'âme humaine au sein des mondes de matière. L’œuvre alchimique est inséparable de la propre transmutation de l'opérant.

 

L’art du verre et le vitrail deviennent une des voies possibles de transmutation.

Les traités des alchimistes décrivent les différentes phases du Grand Oeuvre en employant de nombreuses métaphores et allégories et il est difficile d’en faire une saine synthèse.

J’aborderai donc ce sujet en toute simplicité.

 

l’Oeuvre au noir

Correspond à l’intégration de mon ombre. Je ne lutte plus pour être un autre. Je dis oui à ma vie, à ma condition, à mon fardeau. Je comprends qu'il est mon "précieux", ma materia Prima. Sans elle, rien de possible. C’est ma matière brute indispensable pour opérer le grand oeuvre. Le lieu qui appelle la lumière. De là, je peux mourrir à ce que je crois être pour m'ouvrir à l'inconnu, au mystère et me laisser engendrer. Mon mental retrouve la clarté de l'enfance et se libère des conditionnements et tout redevient possible.

A l’instar du vide existentiel, le noir appelle les couleurs, sans noir, pas d’élévation, de transformation, d’alchimie. La vierge noire est le symbole de cet être qui a dit OUI et qui est prêt a être engendré.


Pour notre comparaison, nous pourrions faire le lien avec le sable qui porte en substance ce qu’il va devenir (du verre pur) mais qui l’ignore encore, tant qu’il n'est pas passé par le feu. C’est de la glaise que naîtra Adam.

 

l’Oeuvre au blanc 

Libéré de mes entraves, je découvre que ma condition ne reflète pas ma nature. Mes yeux s'ouvrent et mon coeur s'apaise. Le voile se déchire et ma matière se vide de l'illusion. Elle a été consumée et peux recevoir le nouveau. Je me vois tel que je suis et je vois mon prochain tel qu'il est. Je rentre en humanité. Je vois Dieu dans mon prochain et comprends que pour connaître le créateur, je dois connaître chaque créature.

Pour revenir au vitrail, nous pourrions ici parler de la phase de purification du verre qui le rend transparent. Le sable a été cuit et purifié grâce au feu sacré.

 

l’Oeuvre au Rouge

Ici, c’est le retour au monde. Le moi conditionné s’est pleinement retiré et je me laisse pleinement traverser par la lumière. l’Esprit est incarné. Je suis dans le monde mais pas du monde. Je comprends que le blanc et le noir sont indissociables. Nous rentrons dans l’ère de l’androgynie intérieure (l‘alliance du souffre et du mercure, du soleil et de la lune, du principe masculin et féminin). L’union sacrée est en oeuvre et nous assistons à l’accouchement d’un monde jusque lors encore inconnu. Dieu se fait chair et l’unique que nous sommes devient universel.

C’est ici, que le vitrail sera réalisé, que nous unirons les éléments, pour en façonner une oeuvre a part entière, unique, symbole de notre singularité. Le vitrail devient une pierre philosophale traversé à son tour par la lumière.


 

On peut observer que le sertissage d’un vitrail (opération indispensable dans le vitrail traditionnel pour unir les pièces les unes avec les autres) se fait avec des baguettes de plomb, glorification de notre Materia prima et qu'il fait appelle aux deux hémisphères du cerveau pour sa réalisation.

 

Nous pourrions également faire l’analogie avec le soufisme comme nous l’enseigne le poète Rumi : « j'étais cru, je fus cuit, j'ai brûlé ».

Le langage des oiseaux (indissociable de l’alchimie) peut également rapidement être abordé. Il s’agit de faire chanter le mot au delà de son sens propre. Le verre peut alors devenir : « vers » (direction et poésie), « vert », « ver », « vair » (héraldisme).

 

Nous pouvons également jouer avec les anagrammes. Verre devient alors « rêver » et verres « sevrer », « revers » ou encore bien « verser ». Voilà de quoi poétiser…

 

Concluons avec cette allégation de la Table d’émeraude (un des textes les plus célèbres de la littérature alchimique et hermétique présentant l’enseignement de Hermès Trismégiste):

« Ce qui est en bas, est comme ce qui est en haut & ce qui est en haut, est comme ce qui est en bas, pour faire les miracles d'une seule chose. »

Article compilé et publié par

Dominique Emery 

Formateur 

Association ondes et habitat 


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